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Si
nous avons un besoin de reconnaissance, nous allons passer notre vie à nous
plier aux attentes des autres et nous ne serons pas nous-mêmes, ce qui créera
inévitablement des conflits internes, sans compter les déceptions liées au fait
qu’on n’arrivera jamais à répondre aux attentes de tout le monde.
Le
besoin de reconnaissance vient du système d’éducation basé sur la récompense et
la punition. Ce système génère des réactions du style « si personne ne me
félicite, inutile que je me décarcasse » ou « si personne ne me
punit, autant en profiter ! ». Ce système génère des relations
verticales : celui qui félicite ou punit se sent hiérarchiquement
supérieur à celui qui est félicité ou puni, qui entend alors comme message
« je suis moins compétent, je suis inférieur ». Il génère la peur du
regard de l’autre, du jugement permanent, des complexes d’infériorité et de supériorité.
D’un côté, c’est confortable car il n’est nul besoin de se demander ce qu’on
veut vraiment pour nous-mêmes, ce qui nous anime, nous passionne, nos valeurs,
etc, car on vit en fonction des autres. D’un autre côté, on est en conflit avec
sa vraie nature et comme il est impossible de répondre aux attentes de tout le
monde, on va être vite confronté à des injonctions contradictoires, à l’impossibilité
de tenir ses promesses, on va perdre la confiance des autres et les relations
vont s’envenimer.
La
vraie liberté, et la meilleure façon d’avoir des relations à soi et aux autres
apaisées, est d’accepter de ne pas être aimé, de ne pas être reconnu, de ne pas
être approuvé par certains (il s’en trouvera toujours pour aimer qui nous
sommes et ce que nous faisons) et d’avoir comme ligne de conduite de vivre en
accord avec soi-même.
Pour
cela, il y a un moyen radical qui peut être facilement mis en place si on en a
le courage. Il n’est là question que de ça, de courage, tout le monde peut le
faire, on a notre libre arbitre pour cela, pour décider de passer à l’action
ici et maintenant, peu importe notre passé, tout se passant dans le présent. Ce
moyen radical est la séparation des tâches.
Il
s’agit de se cantonner exclusivement à se préoccuper des tâches qui nous
incombent à nous et de ne plus s’occuper du reste. Comment savoir si une tâche
nous incombe ? On se pose les deux questions : à qui incombe la tâche ?
Qui va, au bout du compte, supporter les conséquences du choix opéré ? Un
proverbe dit qu’on peut amener le cheval à l’abreuvoir mais on ne peut pas
l’obliger à boire. Qui a soif ? Pour prendre un exemple familial, on peut
mettre son enfant dans les meilleures dispositions pour ses études mais on ne
peut pas faire entrer de force les informations dans sa tête, c’est bien à lui
d’écouter, d’apprendre, de comprendre. Qui va développer des compétences ou pas ?
L’ingérence
dans les tâches d’autrui est toujours source de conflits. La séparation des
tâches permet d’être à la bonne distance dans nos relations aux autres. On est
là pour l’autre, mais on le laisse gérer sa vie, faire ses choix personnels,
venir nous demander soutien, conseil, appui si besoin, on le laisse gérer les
conséquences de ses choix et de ses actes, et surtout on lâche prise
sur ces derniers en acceptant qu'ils ne soient pas ceux qu'on aurait fait !
Si on ne félicite plus, on peut exprimer sa joie, sa gratitude, ses
remerciements, son respect, son soulagement en fonction des situations. Réciproquement,
on n’accepte plus que les autres viennent s’immiscer dans nos propres tâches
car on veut vivre selon nos valeurs et non les leurs.
Dans
le cadre de la relation à l’autre, là encore, chacun fait sa part. On commence
par faire la sienne mais sans attendre quoi que ce soit de l’autre. Il est
libre d’y répondre ou pas. Si on a une attente en retour, on est dans le
système de récompense et parfois aussi de la manipulation. Dans une relation
qui compte pour nous, voir l’autre comme un camarade qui est notre égal nous
amènera à le respecter et à se limiter à notre part, qu’on fera avec joie car
c’est toujours un plaisir de faire quelque chose pour un ami, mais sans
empiéter sur sa part à lui.
Séparer
les tâches n’est pas vivre égoïstement, c’est au contraire respecter l’autre
dans tout ce qu’il est, dans son autonomie, c’est instaurer des relations
horizontales où plus personne ne juge personne, il n’y a plus ni réprimandes,
ni félicitations, c’est créer des relations harmonieuses et coopératives. Au
contraire de l’ingérence dans les tâches des autres qui indique qu’on veut que
les autres fassent comme nous on a décidé, on les prive de libre arbitre et les
empêche à force de pression de décider pour eux-mêmes. Le but de tout cela
n’est pas de déplaire aux autres mais de ne pas avoir peur de déplaire si nous
n’avons pas les mêmes valeurs. Le courage d’être heureux passe par le courage
de déplaire à certains, de ne pas être aimé de tous…
Lien vers la vidéo : https://youtu.be/lCrDbgODKJo
Illustration par Constance Decharme : https://www.facebook.com/Constance.Art.Therapy
Illustration par Nathalie Bleuze : https://www.linkedin.com/in/nathaliebleuze1981/