Ce ne sont pas nos problèmes qui nous rendent intéressants

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Au cours de mes échanges avec les uns et les autres, j’ai pu me rendre compte à quel point certains d’entre nous sont accrochés à leurs problèmes ou à leurs maladies. La raison, consciente ou inconsciente, est souvent que nous pensons qu’ils nous rendent intéressants. 



Consciemment ou inconsciemment, nous avons une si piètre image de nous-mêmes que nous pensons que si nous n’avons pas de problème à raconter, personne ne s’intéressera à nous. Ça commence dès l’enfance. Certains enfants se rendent malades pour qu’on s’occupe d’eux. D’autres développent les mêmes phobies que leurs parents pour créer ce lien avec eux, pour s’identifier à eux, pour fusionner avec eux, pour leur ressembler afin d’être reconnu (“ce gamin, c’est son père tout craché”). Dans les conversations de tous les jours, dans le monde anxiogène dans lequel nous évoluons, si on explique aux autres combien on va mal, on va attirer leur attention, capter leur intérêt, susciter leur compassion, voire même leur pitié, peu importe tant qu’ils s’intéressent à nous. On a certainement dans l’idée que si tout allait bien pour nous, on n’aurait pas besoin de le claironner sur tous les toits et donc, on n’aurait rien à raconter, on serait tellement inintéressant que personne ne nous aimerait. 




L’effet pervers de ces croyances est que nous nous accrochons à nos problèmes ou à nos maladies, voire même nous en créons de nouveaux, et surtout nous ne pouvons pas les régler ou guérir. Parce que tant que nous avons un bénéfice à avoir un problème, aussi dérangeant ou désagréable soit-il, nous ne pouvons pas le régler, inconsciemment nous ne pouvons pas le régler. Il faut que l’inconfort devienne plus important que le bénéfice pour bouger et s’y attaquer. 


J’aimerais remettre les choses à leur place. Chacun d’entre nous est intéressant tout simplement parce qu’il est. Il est unique, de part son héritage et sa construction, sa personnalité, ses émotions, et juste pour cela, il est intéressant. Ce n’est pas seulement ce que nous faisons qui nous rend intéressant, c’est ce que nous sommes avant tout. Les gens qui nous entourent nous aiment pour ce que nous sommes. Ok, certains nous aiment pour ce que nous représentons ou pour ce que nous avons, mais je ne pense pas que ceux-là soient indispensables dans notre entourage. Ceux qui comptent vraiment, sont ceux qui nous aiment tout simplement. Et comme ils nous aiment, ils composent avec nos problèmes, ils prennent l’ensemble mais ce ne sont pas nos problèmes (ou nos maladies) qu’ils aiment, c’est nous, juste nous. 


Du coup, j’ai envie de dire, libérons nous sans crainte de ce qui nous bloque, de ce qui nous freine, de ce qui nous angoisse, de ce qui nous gêne, de ce qui nous encombre, de ce qui nous rend malade, faisons le pour nous et faisons le aussi pour ceux qui nous aiment car si nous allons bien, nous n’ajouterons plus nos problèmes aux leurs (ils en ont déjà assez avec les leurs) et nous pourrons alors devenir une ressource pour eux et pour nous. 

 

Illustration par Constance Decharme : https://www.facebook.com/Constance.Art.Therapy