Le respect de soi et des autres

(Si vous préférez voir la vidéo de ce post, cliquez ici)



Le respect commence par soi et ma définition est la suivante : faire ce qui est juste pour soi en fonction de ses besoins et de ses valeurs. Se respecter soi est la base de tout. Savoir prendre en compte ses besoins, se sentir, dans ses pensées et ses actes, aligné avec ses valeurs. Il existe principalement deux raisons pour lesquelles on ne se respecte pas : parce que nos parents ne se respectaient pas et nous l’ont transmis ou parce que nous avons une si mauvaise image de nous-mêmes qu’on ne pense pas en être digne.

Une fois qu’on a cet oursin logé en nous, on a le choix entre trois stratégies : ne pas se respecter soi, ne pas respecter les autres, ne respecter ni soi ni les autres. Mais au final, c’est la même origine, on pense ne pas mériter le respect.

Se respecter c’est savoir dire non quand on n’est pas d’accord, c’est savoir dire stop avant de s’épuiser, c’est se demander avant d’agir ou de parler si on est aligné avec ce qu’on va faire ou dire. C’est avant tout connaître ses besoins et pour cela, pour savoir de quoi nous avons besoin, il faut prendre du temps pour soi. C’est reconnaître sa singularité, ne pas faire comme les autres alors que ça ne nous convient pas, juste pour être accepté ou aimé. Se respecter soi-même, c’est la condition sine qua none pour être respecté par l’autre. Si vous-même ne le faites pas, pourquoi voulez-vous que les autres le fassent ? Comme on attire ce qu’on porte à l’intérieur de soi, si nous avons l’oursin du respect, nous allons attirer des personnes qui l’ont aussi et qui, à coup sûr, joueront avec nos failles.




Respecter l’autre, c’est comprendre que chacun a son cadre de référence. Chaque être humain a son propre cheminement. Son chemin de vie, ce qu’il a vécu, ce qu’on lui a fait, ce qu’on lui a dit, et surtout la façon dont il a accueilli tous les éléments de son existence et les conclusions qu’il en a tirées. Car chacun, en fonction de ce qu’il est, de ce qu’il porte consciemment et inconsciemment, de son héritage familial, de ce qu’il a déjà vécu, va se construire d’une façon totalement originale et singulière. Et ses réactions, ses émotions, ses pensées, ses raisonnements, ses paroles, ses actes, ses sources de stress, seront fonction de sa construction intérieure, de son cadre de référence. Chaque cadre de référence est unique, c’est un tel puzzle qu’il ne peut en exister deux identiques. Une fois qu’on a intégré cette donnée essentielle, il semble vain de s’attendre à ce que l’autre réagisse comme nous, voit les choses comme nous, ait les mêmes attentes que nous, etc, etc. Respecter l’autre est donc admettre qu’il est totalement différent de nous et que son cadre de référence vaut le nôtre. Car en la matière, personne n’a raison ou tort, on est juste construit différemment.

Respecter un adulte n’est déjà pas facile car on a souvent trop tendance à calquer son cadre sur le nôtre et à ne pas comprendre pourquoi il ne pense pas ou ne fait pas comme nous. Mais respecter son enfant est encore plus difficile ! Avec l’amour qu’il nous porte et l’autorité qu’on sent avoir sur lui, on a juste envie, pour notre confort personnel, de le modeler pour qu’il soit comme nous. On cherche naturellement à le contrôler. Or, respecter son enfant dans le but qu’il s’épanouisse pleinement, ça serait lui expliquer le fonctionnement de notre société mais sans jamais lui dire comment faire ou comment penser. Imaginez que vous receviez chez vous un indien d’une quarantaine d’années, venu du fin fond de l’Amazonie ; vous lui expliqueriez calmement que chez nous, on s’habille pour sortir dans la rue, qu’il faut prendre un ticket pour monter dans le bus, que les voitures roulent à droite, que sais-je encore. Mais ça ne vous viendrait pas à l’idée de lui aboyer dessus car il n’a pas compris l’accord du participe passé, ni de lui imposer de faire la vaisselle exactement comme vous vous la faites. Vous le laisseriez naturellement choisir la façon dont il fait les choses, à moins que ça ne le mette en danger ou que ça contrevienne à la loi ou à la bienséance. Eh bien si on respectait nos enfants dans ce qu’ils sont et que plutôt que de les modeler à notre image, nous aimerions qu’ils soient eux-mêmes car c’est finalement une des conditions de leur épanouissement personnel, on agirait comme s’ils étaient des indiens d’Amazonie.





Enfin, attention à ne pas systématiquement assimiler ce qu’on taxe couramment d’égoïsme avec un manque de respect. En effet, peut-on reprocher à quelqu’un de choisir de faire quelque chose d’important pour lui au lieu de faire ce qu’on lui demande ? La définition de l’égoïsme est, d’après le Larousse, un attachement excessif porté à soi-même et à ses intérêts, au mépris des intérêts des autres. En général, on attribue ce défaut à celui qui s’occupe de lui. Or on a vu que prendre soin de soi est la base du respect de soi-même. Mais on ne l’attribue pas souvent à celui qui exige qu’on prenne soin de lui alors que l’autre avait d’autres projets. Et pourtant… Dans la situation d’un mari qui prend la matinée du dimanche pour faire du vélo afin d’évacuer le stress professionnel accumulé dans la semaine et sa femme qui lui reproche de ne pas rester à la maison pour ne pas la laisser seule, qui est le plus égoïste ? Certes le mari prend du temps pour lui, mais c’est pour répondre à un besoin important pour son équilibre (évacuer le stress). Quant à la femme, elle lui demande de renoncer à quelque chose d’important pour lui dans son intérêt à elle. Demander à quelqu’un de faire quelque chose à son détriment pour son bénéfice à soi me semble être aussi une bonne définition de l’égoïsme… Si l’autre ne fait pas quelque chose pour nous alors qu’on lui demande, ça n’est pas forcément par manque de respect. Ca peut être parce que ce qu’on lui demande n’est pas juste pour lui, qu’il a quelque chose de plus important ou de plus urgent à faire, qu’il n’a pas envie de le faire. Et pourquoi devrait-il plutôt se plier à nos exigences que de faire ce que lui pensait faire ? Comment nomme-t-on l’attitude de celui qui exige que ses propres besoins passent avant ceux des autres ? Si on reste dans une histoire de couple, si l’un fait toutes ses activités en solo et passe peu de temps à la maison alors que l’autre l’attend, ne faudrait-il pas plutôt chercher du côté des affinités communes ou de la dépendance affective de celui qui attend ? Si c’est toujours le même qui prend du bon temps alors que l’autre fait toutes les corvées, là, on peut effectivement chercher du côté du manque de respect. Envers soi-même pour celui qui subit, envers l’autre pour celui qui agit.

Le respect est un vaste sujet car il est un socle. Quand il n’existe pas, beaucoup de choses non justes sont permises, c’est un des sujets de fond à traiter lorsqu’on travaille en développement personnel. Quand il est ancré en nous, étrangement, plus personne ne cherche à nous manquer de respect… Respectez-vous pour être respecté des autres, c’est la clé…


Illustration par Constance Decharme : https://www.facebook.com/Constance.Art.Therapy